[p2p-research] decroissance/degrowth

Michel Bauwens michelsub2004 at gmail.com
Thu Oct 16 12:00:36 CEST 2008


Dear researchers,

below a very good summary of the de-growth ideas of the decroissance
mouvement and the consensus/dissensus about them,

I would appreciate if anybody would have to time for an english language
presentation for our blog,

thanks for considering it,

Michel Bauwens


<http://us.mg2.mail.yahoo.com/dc/blank.html?bn=1096.40&.intl=us#sommaire>
 *Chroniques de la décroissance*

*Les politiques de décroissance et les sciences*
par Jean-Paul Baquiast et Christophe Jacquemin - 29/07/2008

*Nous publions dorénavant sur ce site des «Chroniques de la décroissance».
Nous y évoquerons des thèmes ou donnerons la parole à des militants qui
illustrent la pertinence de ce concept, souvent encore trop mal compris et
donc ridiculisé. Notre objectif est de se ** placer, évidemment, dans une
approche aussi scientifique que possible de la question, dans la suite de
nos actuels centres d'intérêt. A.I.*

Le thème de la décroissance s'impose de plus en plus dans les débats
politiques contemporains. Il recoupe en partie mais surtout dépasse celui de
la protection de la nature autour duquel se sont construits les mouvements
écologistes. Il ne peut pas laisser indifférents les scientifiques, que
ceux-ci se consacrent à des recherches fondamentales ou qu'ils participent
au développement des applications de la recherche, souvent dites, avec une
volonté de rejet, technosciences.

Notre revue ne doit pas rester en dehors de ces discussions, bien que
d'innombrables voix, en France et partout ailleurs dans le monde, y
expriment des points de vue plus compétents que ceux que nous pouvons
exprimer ici. Comme cependant ces points de vue sont souvent
contradictoires, il nous semble que nous pouvons, à titre très provisoire,
essayer d'y apporter un peu d'ordre.

Nous voudrions distinguer à cette fin les points qui nous paraissent, sinon
incontestables (car rien ne l'est) mais fondés sur des observations
difficilement discutables, et ceux relevant d'interprétations politiques
auxquelles il peut être légitime d'adhérer, mais qui relèvent en grande
partie de convictions individuelles elles-mêmes inspirées à celui qui les
formule par son statut dans le monde.

*I. Les points incontestables (ou difficilement contestables)*

*1. La consommation des ressources terrestres croit dorénavant plus vite que
la capacité de ces ressources à se renouveler ou à être renouvelées.* Cela
tient à deux facteurs principaux :
- l'augmentation des besoins élémentaires ou de survie, provenant d'une
population mondiale dont la croissance démographique ne se stabilisera pas
avant au moins un demi-siècle et dont au moins la moitié des effectifs sont
aujourd'hui aux alentours du seuil de survie.
- l'augmentation des exigences de biens et services que l'on pourrait
qualifier de confort, émanant de populations de plus en plus larges
s'inspirant des modèles de consommations propres aux sociétés s'étant à ce
jour appropriées l'accès aux ressources.

*2. Il en résulte des situations de raréfaction ou crise, susceptibles de
dégénérer en catastrophes. Elles se conjuguent:
- Crise énergétique, notamm*ent concernant les énergies fondées sur
l'exploitation des combustibles fossiles, dont la raréfaction ou en tous cas
l'augmentation du coût rendra l'utilisation de moins en moins rentable.
- Crise des ressources alimentaires.
- Crise des ressources en eau et en sol cultivable.
- Crise des matières premières industrielles et des matières premières rares
- Crise des écosystèmes traditionnels avec perte massive de la biodiversité.
Celle-ci résulte principalement de la surexploitation des ressources et de
l'accumulation des déchets.

*3. Les ressources disponibles peuvent certainement augmenter*, pour faire
face à l'augmentation de la demande. Les sciences et technologies jouent un
rôle essentiel à cet égard. Mais cette augmentation se heurte à trois
limites :
- des limites dans la chronologie : il faut compter de longs délais pour que
de nouvelles technologies produisent les effets de masse qui seraient
nécessaires. En attendant, la croissance rapide, sinon exponentielle des
besoins, provoquera des conflits entre pauvres et riches, qui risqueront de
rendre inopérants les programmes de substitution.
- des limites économiques : pour trouver de nouvelles solutions, il faut
investir lourdement, que ce soit dans la formation des hommes ou dans la
mise en place de laboratoires. Ces investissements ne peuvent être financés
que par des épargnes portant sur les consommations. Ils ne rapporteront pas
pendant de longues années. Ces épargnes seront-elles acceptées par ceux qui
pourraient les supporter ?
- des limites systémiques, tenant aux risques et nuisances mal étudiées
pouvant découler de nouvelles technologies dont les effets seraient à terme
pire que les maux combattus. Ce point est évoqué par principe, mais il est
évident que c'est à ce sujet que se déchaînent les campagnes de rejet des «
technosciences ». Il conviendra donc de le reprendre dans la seconde partie
de ce document, consacrée à l'exposé des interprétations politiques. Disons
ici qu'il appartient aux scientifiques et au dialogue social de distinguer
entre les risques contrôlables valant la peine d'être courus et les risques
à refuser parce que les conséquences des technologies proposées paraissent
susceptibles d'entraîner des effets destructeurs à grande échelle et/ou
irréversibles. On donnera comme exemple de telles technologies celles visant
à ensemencer les océans d'intrants divers pour modifier la capacité de la
mer à nourrir de la vie ou à jouer un rôle nouveau dans les équilibres
thermiques.

*4. La façon la plus immédiate et sans doute aussi la seule permettant de
faire face à la surexploitation des ressources serait la réduction des
consommations* jusqu'à des niveaux assurant le renouvellement ou la
préservation de ces ressources. Dans la mesure où la « croissance »,
assimilée aussi au « progrès », est conçue comme supposant une augmentation
sans fin des consommations matérielles, il conviendrait donc de la limiter,
sinon de la faire décroître. Mais cette réduction se heurte à de nombreuses
limites :
- Egoïsme des « possédants » (les « have ») qui ne veulent ni se restreindre
ni partager.
- Besoins de survie des démunis (les « have not ») qui refuseront de plus en
plus de se laisser éliminer par la maladie et la famine.
- Conflits entre « have » et « have not ». Ces conflits prendront la forme
de guerres dites de survivance, de la part des premiers visant à préserver
leurs approvisionnements, et de guerres de la misère, de la part des
seconds. Ces guerres accroîtront les gaspillages et les destructions.

*5. Les risques sont d'autant plus grands que les facteurs de risque
demeurent mal connus ou volontairement cachés*. Seule la science, associée
si besoin était aux observations des populations traditionnelles, peut
fournir les instruments et méthodes permettant d'observer et comprendre les
évolutions de la Terre et des espèces vivantes, humanité comprise. Or ces
instruments et méthodes sont encore trop rares. Leur développement se heurte
à deux grands obstacles :
- Au plan technologique, l'instrumentation suppose des programmes lourds,
multipliant les capteurs terrestres, océaniques et spatiaux. Elle suppose
aussi de nombreuses équipes hautement qualifiées et polyvalentes.
- Au plan économique et plus généralement des sciences humaines, le besoin
est différent mais aussi grand. Il faut définir les outils permettant
d'évaluer le plus objectivement possible les différentes retombées des
pratiques économiques et sociales : empreinte écologique, effets sur la
croissance ou la décroissance, efficacité des politiques administratives
d'incitation ou de prévention. Il faut aussi multiplier les réseaux
d'informations et d'alerte.
Toutes ces recherches devraient, pour éclairer les politiques globales ou
locales, mobiliser un nombre considérable de chercheurs et de crédits. Or
elles ne sont pas encore considérées comme prioritaires, au regard de
recherches entraînant des bénéfices à court terme ou moins politiquement
engagées. Elles doivent en effet être conduites dans une approche aussi
indépendante que possible des influences politiques, économiques et
religieuses visant à dicter aux scientifiques des réponses conformes aux
intérêts de ceux qui financent la science.

*6. Les risques connus et documentés ne peuvent être combattus que par des
comportements collectifs et individuels définis spécifiquement à cette fin*,
notamment avec l'éclairage des scientifiques. Au-delà des bonnes volontés
des militants, des politiques publiques locales, nationales et mondiales
s'imposent donc. Ces politiques devraient être conçues de façon
participative, intégrant le plus possible d'intérêts et de personnes
concernés. Mais de telles politiques suscitent d'innombrables rejets :
- Les rejets nés de l'idéologie libérale, générée par les entreprises
capitalistes soumises à la loi du profit immédiat, pour qui les initiatives
publiques ne peuvent qu'être inefficaces, au regard des avantages apportés
par la liberté du commerce et de l'industrie..
- Les rejets nés des abus de pouvoir des gouvernements centralisés, qui
n'ont pas contribué, dans l'histoire à valoriser le rôle des autorités
administratives en matière de politique économique.
- Les craintes face à un éventuel « pouvoir scientifique » de type faustien,
qui perdrait la conscience des limites à ne pas dépasser.

*II. Les points faisant l'objet de débats politiques*

Appelons débats politiques ceux où se confrontent les opinions relatives à
la façon dont devrait être organisée la cité, autrement dit la société, que
ce soit au plan local ou global. Ces débats s'expriment à travers la
discussion de grands types de questions.

*1.* *Que sont les objectifs à donner à la «croissance», au «développement»,
au «progrès» ?*
Même si ces termes sont des constructions intellectuelles, ils correspondent
à la « tendance à croire en l'avenir» apparemment inscrite dans
l'organisation des cerveaux humains au cours de l'évolution. Les hommes sont
donc portés à les sous-tendre par des buts et valeurs permettant de les
concrétiser.
En fonction des définitions données aux termes de croissance, développement,
progrès, on précisera les objectifs et les limites des politiques inverses,
dites globalement de décroissance.
On peut distinguer trois grandes catégories de contenus, intéressant des
populations souvent différentes :
- Le développement de la connaissance scientifique et philosophique. Pour
ceux qui se retrouvent dans les valeurs de la rationalité scientifique
collective, il s'agit d'objectifs sur lesquels ils ne sauraient
compromettre. La décroissance ne serait pas acceptable en ce domaine.
- Le développement d'ascèses personnelles, intéressant le corps et/ou
l'esprit. On rangera dans cette catégorie les valeurs de la vie en société,
de l'art ou de la morale. Ces ascèses ne sont pas nécessairement austères.
Elles peuvent s'inscrire dans l'hédonisme partagé. Là aussi, aucune
décroissance ne parait s'imposer a priori.
- Le développement des consommations matérielles, alimentaires, de produits
industriels ou de services. Chez ceux qui n'ont rien, ce développement
parait légitime. On devrait néanmoins veiller à ce qu'il ne mette pas en
danger l'équilibre général de la planète. Il doit par contre être contesté
plus ou moins fortement s'il provient de populations déjà favorisées, dont
les prélèvements sur les ressources communes inextensibles sont déjà
disproportionnés par rapport à leurs effectifs.

*2.* *Qui définit les objectifs que devraient selon les cas poursuivre la
croissance ou la décroissance ? *
- Idéalement, au regard des principes de la démocratie occidentale, ce
devrait être des gouvernements convenablement représentatifs, conseillés par
des autorités scientifiques et morales objectives. Ces gouvernements,
relayés par des organisations de la société civile, devraient viser
l'intérêt général, non seulement de l'humanité dans sa globalité, mais de
toute la biosphère. Ce n'est pas parce que cet idéal parait encore loin des
réalités qu'il faudrait y renoncer. Il n'est pas impossible que, sous la
pression des nécessités de survie, l'on puisse s'en rapprocher.
- Les Etats conduisant des politiques de puissance dites aussi de
souveraineté visant à imposer au reste du monde des contraintes favorables
au maintien ou au développement de leurs pouvoirs et de ceux des
collectivités dont ils émanent. Il peut s'agir aussi bien d'Etats dits
démocratiques à l'occidentale, que de dictatures ou d'organisations
politico-religieuses dictatoriales. Ces organismes agissent principalement
par la force, complétée par la propagande.
- Les entreprises capitalistes libérales à la recherche du profit à court
terme. Celles-ci sont loin de rechercher en priorité le bien-être des
consommateurs. Beaucoup exploitent toutes les faiblesses de ceux-ci, toutes
leurs addictions fussent-elles mortifères, afin d'en faire des « clients »
dépendants. Elles agissent principalement par la publicité, directe ou
s'exerçant à travers les industries culturelles modernes. Les entreprises
s'abritent souvent sous l'autorité des Etats précités. Mais beaucoup sont de
plus en plus transnationales.
- A la frontière entre les deux types d'intérêt, on doit mentionner
l'importante catégorie des entreprises maffieuses ou criminelles, qui
détournent à leur profit environ 30% des flux économiques.

*3.* *Que peut-on attendre des compétitions entre tous les organismes
énumérés ci-dessus ?*
Il est indiscutable que chacun d'entre eux poursuit pour sa part des
objectifs inspirés par un minimum de rationalité, mais cette rationalité est
d'abord au service de leurs intérêts propres et non à celui de la survie des
écosystèmes. Dans une optique darwinienne, l'évolution du système global
dépendra du poids compétitif que prendront les facteurs d'accroissement des
déséquilibres au regard des facteurs de restauration de nouveaux équilibres.
En simplifiant beaucoup, on verra donc s'imposer des résultats très
différents, selon les poids respectifs de ces facteurs :
- Une dégradation de plus accélérée, se traduisant par des catastrophes en
chaînes, impulsées par des sociétés humaines incontrôlables et relayées par
des emballements aux plans géologiques, climatiques et biologiques.
- Le maintien d'équilibres fragiles entre ressources et consommations,
supposant des politiques extrêmement strictes de contrôle des dépenses et
d'encouragement aux investissements scientifiques. En aucun cas, ces
équilibres maintenus ne pourront signifier le retour aux principes du «
business as usual » encore considérés comme des impératifs incontournables.
Ils pourront par contre supporter, voire inciter des développements
quasi-illimités dans la créativité scientifique, artistique, d'expression
personnelle dont le coût écologique devrait être réduit au regard des
immenses bénéfices sociétaux pouvant en découler.

Cette dernière perspective, un peu idéalisée certes ici mais qui parait
envisageable, devrait donner des raisons d'agir à long terme aux militants
de la décroissance.


*
NB Ci dessous, commentaire reçu de Guillaume de Lamérie et notre réponse *

G. de L.:

Une chose me frappe régulièrement dans les articles que je lis autour des
questions de l'évolution de l'économie mondiale, de la raréfaction des
ressources, de la surpopulation, c'est l'absence totale de prise en compte
du fait que la terre n'est pas un système clos ! Rien que dans le système
solaire, il existe des ressources colossales de matière première, de surface
potentiellement habitable, dont l'exploitation pourrait transformer
radicalement la donne actuelle.

Or il me semble que nous sommes actuellement dans une phase de transition,
avec l'émergence sur le secteur spatial, y compris celui des lanceurs,
d'acteurs privés (le dernier en date, spectaculaire, étant Google) dont la
taille financière leur permet d'envisager des projets avec des espoirs de
retour sur investissement positif.

L'espace n'étant plus le pré carré des Etats, celui-ci va progressivement
passer du statut d'un espace dédié principalement aux applications
scientifiques, militaires et aux télécommunications tournées vers la terre à
celui d'un espace économique tourné vers l'espace dont l'importance ne
pourra que croître au fur et à mesure que l'espace et les ressources
terrestres se raréfierons.

Dès lors, la question qui me semble pertinente à poser est celle de savoir
si il est possible d'anticiper de façon plus précise cette évolution :

- L'économie mondiale sera-t-elle capable de trouver et de concentrer les
ressources nécessaires pour franchir de façon durable (c'est-à-dire
économiquement rentable) cette redoutable barrière qu'est l'attraction
gravitationnelle terrestre ?

- Quels seront les acteurs privés ou étatiques susceptibles de compter dans
la bataille qui se profile ?

- Quelles innovations technologiques en cours de développement ou à venir
seraient susceptibles de modifier la donne de façon importante ?

Je suis en grande partie d'accord avec votre article et l'impérative
nécessité de reconsidérer nos modèles économique en appuyant notre réflexion
sur la rationalité et la démarche scientifique, sous peine de désordre
graves. Mais n'envisager notre avenir qu'à l'horizon de notre petite planète
me semble à la fois trop réducteur et psychologiquement néfaste !

*Notre réponse :
**Merci de votre commentaire. Nous sommes d'accord avec vous sur le fond.
Mais la question que l'on doit poser concerne la vitesse relative des deux
courbes qui se croisent, celle de l'augmentation des demandes ne pouvant
être satisfaites à long terme sauf désastres et celle de l'arrivée de
nouvelles ressources, qui demandent des investissements considérables
(investissements que bien entendu le privé seul ne pourra pas et ne voudra
pas satisfaire). A cette question, même Kurzweil, l'apôtre de la
Singularité(1), ne répond pas. Nous pensons que pour laisser du temps aux
nouvelles solutions pour se mettre en place, il faudrait dès maintenant
réduire les croissances, sélectivement, certes, mais massivement. On en est
encore loin. *

*(1) A propos de la Singularité, voir notre éditorial du 25 octobre
2005<http://www.automatesintelligents.com/edito/2005/oct/edito.html>
.*


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