[p2p-research] chaos!
Michel Bauwens
michelsub2004 at gmail.com
Sat Nov 22 15:40:36 CET 2008
Very interesting analysis, thanks Valery
I personally agree with this analysis, with one caveat: they will try a
phase of green capitalism first and of course, I believe the seeds of the
new are already there in the peer to peer format ...
Next item is my analysis of the Obama years,
Michel
2008/11/22 Valery GILBOS <revalery at gmail.com>
> LE MONDE | 11.10.08 | 20h18 • Mis à jour le 12.10.08 | 08h03
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> *Signataire du manifeste du Forum social de Porto Alegre ("Douze
> propositions pour un autre monde possible"), en 2005, vous êtes considéré
> comme l'un des inspirateurs du mouvement altermondialiste. Vous avez fondé
> et dirigé le Centre Fernand-Braudel pour l'étude de l'économie des systèmes
> historiques et des civilisations de l'université de l'Etat de New York, à
> Binghamton. Comment replacez-vous la crise économique et financière actuelle
> dans le "temps long" de l'histoire du capitalisme ? *
>
> *Immanuel Wallerstein :* Fernand Braudel (1902-1985) distinguait le temps
> de la "longue durée", qui voit se succéder dans l'histoire humaine des
> systèmes régissant les rapports de l'homme à son environnement matériel, et,
> à l'intérieur de ces phases, le temps des cycles longs conjoncturels,
> décrits par des économistes comme Nicolas Kondratieff (1982-1930) ou Joseph
> Schumpeter (1883-1950). Nous sommes aujourd'hui clairement dans une phase B
> d'un cycle de Kondratieff qui a commencé il y a trente à trente-cinq ans,
> après une phase A qui a été la plus longue (de 1945 à 1975) des cinq cents
> ans d'histoire du système capitaliste.
>
> Dans une phase A, le profit est généré par la production matérielle,
> industrielle ou autre ; dans une phase B, le capitalisme doit, pour
> continuer à générer du profit, se financiariser et se réfugier dans la
> spéculation. Depuis plus de trente ans, les entreprises, les Etats et les
> ménages s'endettent, massivement. Nous sommes aujourd'hui dans la dernière
> partie d'une phase B de Kondratieff, lorsque le déclin virtuel devient réel,
> et que les bulles explosent les unes après les autres : les faillites se
> multiplient, la concentration du capital augmente, le chômage progresse, et
> l'économie connaît une situation de déflation réelle.
>
> Mais, aujourd'hui, ce moment du cycle conjoncturel coïncide avec, et par
> conséquent aggrave, une période de transition entre deux systèmes de longue
> durée. Je pense en effet que nous sommes entrés depuis trente ans dans la
> phase terminale du système capitaliste. Ce qui différencie fondamentalement
> cette phase de la succession ininterrompue des cycles conjoncturels
> antérieurs, c'est que le capitalisme ne parvient plus à "faire système", au
> sens où l'entend le physicien et chimiste Ilya Prigogine (1917-2003) : quand
> un système, biologique, chimique ou social, dévie trop et trop souvent de sa
> situation de stabilité, il ne parvient plus à retrouver l'équilibre, et l'on
> assiste alors à une bifurcation.
>
> La situation devient chaotique, incontrôlable pour les forces qui la
> dominaient jusqu'alors, et l'on voit émerger une lutte, non plus entre les
> tenants et les adversaires du système, mais entre tous les acteurs pour
> déterminer ce qui va le remplacer. Je réserve l'usage du mot "crise" à ce
> type de période. Eh bien, nous sommes en crise. Le capitalisme touche à sa
> fin.
>
> *Pourquoi ne s'agirait-il pas plutôt d'une nouvelle mutation du
> capitalisme, qui a déjà connu, après tout, le passage du capitalisme
> marchand au capitalisme industriel, puis du capitalisme industriel au
> capitalisme financier ?*
>
> Le capitalisme est omnivore, il capte le profit là où il est le plus
> important à un moment donné ; il ne se contente pas de petits profits
> marginaux ; au contraire, il les maximise en constituant des monopoles - il
> a encore essayé de le faire dernièrement dans les biotechnologies et les
> technologies de l'information. Mais je pense que les possibilités
> d'accumulation réelle du système ont atteint leurs limites. Le capitalisme,
> depuis sa naissance dans la seconde moitié du XVIe siècle, se nourrit du
> différentiel de richesse entre un centre, où convergent les profits, et des
> périphéries (pas forcément géographiques) de plus en plus appauvries.
>
> A cet égard, le rattrapage économique de l'Asie de l'Est, de l'Inde, de
> l'Amérique latine, constitue un défi insurmontable pour "l'économie-monde"
> créée par l'Occident, qui ne parvient plus à contrôler les coûts de
> l'accumulation. Les trois courbes mondiales des prix de la main-d'oeuvre,
> des matières premières et des impôts sont partout en forte hausse depuis des
> décennies. La courte période néolibérale qui est en train de s'achever n'a
> inversé que provisoirement la tendance : à la fin des années 1990, ces coûts
> étaient certes moins élevés qu'en 1970, mais ils étaient bien plus
> importants qu'en 1945. En fait, la dernière période d'accumulation réelle -
> les "trente glorieuses" - n'a été possible que parce que les Etats
> keynésiens ont mis leurs forces au service du capital. Mais, là encore, la
> limite a été atteinte !
>
> *Y a-t-il des précédents à la phase actuelle, telle que vous la décrivez ?
> *
> Il y en a eu beaucoup dans l'histoire de l'humanité, contrairement à ce que
> renvoie la représentation, forgée au milieu du XIXe siècle, d'un progrès
> continu et inévitable, y compris dans sa version marxiste. Je préfère me
> cantonner à la thèse de la possibilité du progrès, et non à son
> inéluctabilité. Certes, le capitalisme est le système qui a su produire, de
> façon extraordinaire et remarquable, le plus de biens et de richesses. Mais
> il faut aussi regarder la somme des pertes - pour l'environnement, pour les
> sociétés - qu'il a engendrées. Le seul bien, c'est celui qui permet
> d'obtenir pour le plus grand nombre une vie rationnelle et intelligente.
>
> Cela dit, la crise la plus récente similaire à celle d'aujourd'hui est
> l'effondrement du système féodal en Europe, entre les milieux du XVe et du
> XVIe siècle, et son remplacement par le système capitaliste. Cette période,
> qui culmine avec les guerres de religion, voit s'effondrer l'emprise des
> autorités royales, seigneuriales et religieuses sur les plus riches
> communautés paysannes et sur les villes. C'est là que se construisent, par
> tâtonnements successifs et de façon inconsciente, des solutions inattendues
> dont le succès finira par "faire système" en s'étendant peu à peu, sous la
> forme du capitalisme.
>
> *Combien de temps la transition actuelle devrait-elle durer, et sur quoi
> pourrait-elle déboucher ? *
> La période de destruction de valeur qui clôt la phase B d'un cycle
> Kondratieff dure généralement de deux à cinq ans avant que les conditions
> d'entrée dans une phase A, lorsqu'un profit réel peut de nouveau être tiré
> de nouvelles productions matérielles décrites par Schumpeter, sont réunies.
> Mais le fait que cette phase corresponde actuellement à une crise de système
> nous a fait entrer dans une période de chaos politique durant laquelle les
> acteurs dominants, à la tête des entreprises et des Etats occidentaux, vont
> faire tout ce qu'il est techniquement possible pour retrouver l'équilibre,
> mais il est fort probable qu'ils n'y parviendront pas.
>
> Les plus intelligents, eux, ont déjà compris qu'il fallait mettre en place
> quelque chose d'entièrement nouveau. Mais de multiples acteurs agissent
> déjà, de façon désordonnée et inconsciente, pour faire émerger de nouvelles
> solutions, sans que l'on sache encore quel système sortira de ces
> tâtonnements.
>
> Nous sommes dans une période, assez rare, où la crise et l'impuissance des
> puissants laissent une place au libre arbitre de chacun : il existe
> aujourd'hui un laps de temps pendant lequel nous avons chacun la possibilité
> d'influencer l'avenir par notre action individuelle. Mais comme cet avenir
> sera la somme du nombre incalculable de ces actions, il est absolument
> impossible de prévoir quel modèle s'imposera finalement. Dans dix ans, on y
> verra peut-être plus clair ; dans trente ou quarante ans, un nouveau système
> aura émergé. Je crois qu'il est tout aussi possible de voir s'installer un
> système d'exploitation hélas encore plus violent que le capitalisme, que de
> voir au contraire se mettre en place un modèle plus égalitaire et
> redistributif.
>
> *Les mutations antérieures du capitalisme ont souvent débouché sur un
> déplacement du centre de "l'économie-monde", par exemple depuis le Bassin
> méditerranéen vers la côte Atlantique de l'Europe, puis vers celle des
> Etats-Unis ? Le système à venir sera-t-il centré sur la Chine ? *
> La crise que nous vivons correspond aussi à la fin d'un cycle politique,
> celui de l'hégémonie américaine, entamée également dans les années 1970. Les
> Etats-Unis resteront un acteur important, mais ils ne pourront plus jamais
> reconquérir leur position dominante face à la multiplication des centres de
> pouvoir, avec l'Europe occidentale, la Chine, le Brésil, l'Inde. Un nouveau
> pouvoir hégémonique, si l'on s'en réfère au temps long braudélien, peut
> mettre encore cinquante ans pour s'imposer. Mais j'ignore lequel.
>
> En attendant, les conséquences politiques de la crise actuelle seront
> énormes, dans la mesure où les maîtres du système vont tenter de trouver des
> boucs émissaires à l'effondrement de leur hégémonie. Je pense que la moitié
> du peuple américain n'acceptera pas ce qui est en train de se passer. Les
> conflits internes vont donc s'exacerber aux Etats-Unis, qui sont en passe de
> devenir le pays du monde le plus instable politiquement. Et n'oubliez pas
> que nous, les Américains, nous sommes tous armés...
>
>
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